Exposition : Le plain-chant au Canada à l’époque coloniale

LE PLAIN-CHANT AU CANADA À L’ÉPOQUE COLONIALE

Exposition préparée par Bibliothèque et archives Canada présentée dans le cadre du 4e colloque annuel de l’IGC Université McMaster, Hamilton (ON), 13 au 16 août 2009

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Vue de Québec depuis la colline sur la rive opposée, [1788?].
Bibliothèque et Archives Canada. Collection de Canadiana Peter Winkworth, R9266-492.

Introduction

Dans le Canada du début de la colonie, soit dans la première moitié du XVIIe siècle, la pratique du chant liturgique était limitée essentiellement à la Nouvelle-France et s’inspirait des pratiques liturgiques qui avaient cours en France à la même époque. Cette pratique s’est d’abord implantée à Québec avec l’arrivée de congrégations religieuses comme celles des Jésuites, des Ursulines et des Sœurs hospitalières. À Montréal, les activités musicales dans la paroisse Notre-Dame, fondée en 1683, et celles des Sulpiciens au Vieux Séminaire ont joué un rôle très important dans le développement d’une liturgie propre à la Nouvelle-France. On note aussi l’arrivée en 1724 de l’organiste français Jean Girard, qui apporta avec lui plusieurs livres de musique; l’un de ces recueils fut découvert en 1978 dans les archives des Sulpiciens à Montréal et fut baptisé Livre d’orgue de Montréal. En 1750, le sulpicien Poncin débarque à son tour à Montréal avec sous le bras la Messe Bordeloise, qui devint très populaire dans la colonie. Des congrégations féminines, telles que les Sœurs de la Charité (également nommées Sœurs grises) et la Congrégation de Notre-Dame, ont également contribué à l’évolution de la pratique musicale liturgique en l’adaptant aux besoins de la foi catholique en Nouvelle-France.

À l’exception des pages du Livre d’orgue de Montréal, les reproductions numérisées de documents que l’on présente ici proviennent de livres de chants liturgiques tirés de la collection de livres rares et de manuscrits de Bibliothèque et Archives Canada. Ces documents rappellent les origines du chant liturgique en Nouvelle-France et illustrent certaines des particularités de la musique au Canada, du XVIIe au XIXe siècle.

L’Institut grégorien du Canada et l’Université McMaster remercient Bibliothèque et Archives Canada pour son aide dans la recherche et la conception de cette exposition, ainsi que pour la rédaction et la traduction des textes qui l’accompagnent.

Contenu :

1- Guillaume-Gabriel Nivers – In festo Vitae interioris Domini Nostri Iesu Christi
2- Rituel de Monseigneur de Saint-Vallier
3- Méthode de plain-chant de François de La Feillée
4- Messe musicale de La Feillée
5- Livre de chant de François-Xavier Borel
6- La Prose de la Sainte-Famille
7- Messe « Bordelaise »
8- Livre d’orgue de Montréal

Guillaume-Gabriel Nivers – In festo Vitae interioris Domini Nostri Iesu Christi

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Images 2, 3 et 4 (Cliquez sur les images pour agrandir)

Guillaume-Gabriel Nivers, In festo Vitae interioris Domini Nostri Iesu Christi (Paris : Robert Ballard, 1668). Bibliothèque et Archives Canada. MusRare M2149.3 N58 1669.

Cette édition de recueil de chants, l’une des plus anciennes de la Nouvelle-France, était particulièrement destinée au Séminaire de Saint-Sulpice. Le livre comprend l’office et la messe pour la célébration de trois fêtes : Vitae interioris Domini Nostri Iesu Christi (célébrée le jeudi après le deuxième dimanche de Pâques); Divini Sacerdotii Domini Nostri Iesu Christi (célébrée le 30 août); et Vitae interioris B. Mariae Virginis (célébrée le 19 octobre).

Les antiennes des premières vêpres, du magnificat, des secondes vêpres et du propre de la messe paraissent dans cette édition. Les 24 dernières pages comprennent le kyriale et les hymnes des premières et secondes vêpres de chacune des fêtes.

Rituel de Monseigneur de Saint-Vallier

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Images 5, 6 et 7 (Cliquez sur les images pour agrandir)

Rituel du diocèse de Québec : publié par l’ordre de Monseigneur l’évêque de Québec (Paris : Simon Langlois, 1703). Bibliothèque et Archives Canada. BX 2035 A2 1703.

Commandé par Monseigneur de Saint-Vallier, évêque de Québec, ce Rituel est le premier ouvrage pratique portant sur les tâches pastorales du prêtre en Nouvelle-France et comprenant des exemples de chants liturgiques en notation.

Méthode de plain-chant de François de La Feillée

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Images 8 à 11 (Cliquez sur les images pour agrandir)

François de La Feillée, Méthode nouvelle pour apprendre parfaitement les règles du plain-chant et de la psalmodie […] (Paris : A. Poitres, 1748). Bibliothèque et Archives Canada. MT860 L3.

La Méthode de La Feillée comprend des motets destinés à l’Élévation et aux principales fêtes du calendrier liturgique. François de La Feillée (un ecclésiastique originaire de Poitiers) était assez connu et apprécié tant en France qu’en Nouvelle-France. Il se déclarait disciple de Nivers et « correcteur » de plain-chant. Dans sa Méthode, qui expose les règles de la prosodie, le chant est copieusement ornementé de notes en forme de losanges inclinés.

Messe musicale de La Feillée

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François de La Feillée, Messe musicale du sixième ton, à laquelle il convient de joindre un serpent avec le chœur (Paris : A. Poitres et se vend à Paris par J.T. Herissant, 1751). Bibliothèque et Archives Canada. MT860 L3.

Publiée trois ans après sa Méthode, cette messe de La Feillée stipule l’utilisation, pour accompagner le chœur, d’un instrument à vent maintenant désuet appelé serpent.

Livre de chant de François-Xavier Borel

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Images 13 et 14 (Cliquez sur les images pour agrandir)

François-Xavier Borel, Livre de chants grégorien (sic), manuscrit (Sainte-Foy, 1767). Bibliothèque et Archives Canada. CA ANC MG18 E21.

Curé de Sainte-Foy durant près d’un quart de siècle, François Borel a transcrit lui-même, en 1767, la musique et les paroles latines de chants liturgiques, principalement des hymnes. Il les a consignées dans ce livre qui fut utilisé pendant plusieurs années dans cette paroisse située à proximité de la ville de Québec.

La Prose de la Sainte-Famille

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Images 15 et 16 (Cliquez sur les images pour agrandir)

Officium Sanctae Familiae ad usum Antonii Bedard scholastici, manuscrit (1791). Bibliothèque et Archives Canada. MG 23 G V 12.

La composition de la Prose de la Sainte Famille (Prosa Sacrae Familiae) est attribuée au prêtre musicien Charles-Amador Martin (né à Québec le 7 mars 1648 – décédé à Sainte-Foy, près de Québec, le 19 juin 1711).

« Tout en Nouvelle-France rappelle l’importance de la fête de la Sainte Famille, création locale qui fut célébrée, à partir de 1684, le troisième dimanche après Pâques. Nombreux sont les villages et les institutions qui se sont placés sous la protection de Sainte Anne, de la Vierge, de Saint Joseph et de l’Enfant-Jésus. Les Amérindiens eux-mêmes connaissaient au moins la Prosa Sacrae Familiae, traduite en abénakis […]. »

—Jean-Pierre Pinson, « Le plain-chant de la Nouvelle-France » dans La vie musicale en Nouvelle-France, par Élisabeth Gallat-Morin et Jean-Pierre Pinson (Sillery, Québec : Les éditions du Septentrion, 2003, p. 188).

Messe « Bordelaise »

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Images 17 et 18 (Cliquez sur les Images pour agrandir)

« Messe Bordelaise » dans Graduel romain à l’usage du diocèse de Québec (Québec : John Neilson, 1800). Bibliothèque et Archives Canada. MusRare M2148 L4 1800.

Extrêmement populaire au Québec et ce, jusqu’au début du XXe siècle, la Messe Bordelaise est sans doute l’exemple parfait du type de plain-chant composé au milieu du XVIIIe siècle, alternant des mélodies « strictes » et des passages plus « théâtraux ». Cette Messe Bourdeloise, comme elle était souvent épelée, est tirée du tout premier livre de notation musicale publié au Canada.

Livre d’orgue de Montréal

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Images 19 à 24 (Cliquez sur les images pour agrandir)

Le Livre d’Orgue de Montréal, fac-similé (Montréal, Fondation Lionel-Groulx, 1981), p. 507-512. Bibliothèque et archives nationales du Québec. Grande Bibliothèque – Niveau 4-Coll. nation.-Musique – Partitions musicales – 786.5 L7886 1981.

Kyrie de la Messe en mi. On reconnaît, dans la basse du Premier Kyrie, la mélodie de la Messe Royale du Premier Ton d’Henri Du Mont, très populaire en Nouvelle-France.

En 1724, Jean Girard (1696-1765), clerc sulpicien originaire de Bourges (France), débarque à Montréal avec dans ses bagages un imposant recueil de pièces d’orgue. Ce manuscrit de 540 pages, le Livre d’orgue de Montréal, est le plus important recueil de musique d’orgue française de l’époque de Louis XIV à nous être parvenu. Il est principalement composé de versets d’orgue pour le Magnificat et la messe qui sont destinés à être joués en alternance avec le plain-chant. À l’exception de seize pièces qui ont pu être attribuées à Nicolas Lebègue (1630-1702), l’ensemble du manuscrit est anonyme.